Lynn

Mots pour Maux.

Jeudi 14 juillet 2011 à 19:27

 

 

      Chaque jour. Pas un sans y songer.
Un mot, un geste, une expression, un objet, un lieu. N’importe quoi. Tout peut m'y ramener. Tout ce qui fait mon quotidien me renvoi à celui qui était devenu notre. 
Nous passions notre temps à nous raconter tant de choses, à marcher ensemble. Il était devenu naturel pour moi d’envisager la répercussion de chacune de mes actions - Tu n’aimerais pas son attitude, tu passerais ta main dans tes cheveux, tu ronchonnerais en silence. OK. Les jambes croisées, la paume sur le menton. D'accord. Ta hanche, un sourire. Ce sourire.

 

 

Le soir est vicieux, tout comme la nuit. Tout comme toi. Il est de mèche avec cette obscurité que je peine à dompter sans toi. Il me ment, me pousse à croire que tu es là pour apaiser mes peurs ; & parfois, j’ai l’impression que ça n’est plus le noir qui m’étouffe, mais le vide. Celui de la seule sécurité qu’il me restait, le vide que je n’ai pas le droit d’imaginer comblé.

 

 

      Des habitudes. Le souffle mort dans le bus, l’éternelle annonce au bas de la fenêtre, les chaussures en proie à de redoutables créatures, la cuisine sous ta direction, les petits plats improvisés, le lit cagibis, la petiote terrible, la guerre du pipi-room & l’attaque des alliés petits momains, l’acidité de l’eau, le deuil du rideau de douche, les fringues mêlées & uniformes.
Je cours toujours après les bus, mais plus jamais à ces arrêts, plus jamais avec cette impatience ou cette bulle rêvasseuse. Un rythme a été instauré contre ma porte d’entrée, un code déjà moins commercial qu’un prénom répété inlassablement à l’issue d’une course folle. J’ai appris à planquer mes godasses depuis une semaine, depuis que le chiot a manifesté une tendance au chewin gum. Je perds toujours le contrôle dans une cuisine autre que la mienne, j’ai d’ailleurs cessé de coopérer dans la plupart des cas, sans plaisir. Je crise si la salade n’est pas coupée ou sans citron, je réussis mes pattes mais préfère le souvenir d’une pizza ; manger mexicain ou faire du guacamol est devenu un véritable mémorial, autant que des frites maisons ou encore la soupe. Le lit est grand, froid ; il a un sommier, quarante couettes, cinquante coussins & il manque d’accroche, ce con. Je fuis toujours les enfants, leurs tristesses me rappellent la fameuse moue de miss Franklin-Barbapapa, trop semblable à la tienne. Me brosser les dents n’est pas aussi drôle sans dissimuler une grimace, & il m’arrive parfois de prendre ma douche assise, sans la surveillance malsaine du baigneur. La nuit, j’allume la lumière pour traverser mon couloir, des fois que les jouets du chien soient de ton côté & me fassent une crasse, qui sait. Les vêtements au sol sont uniformes, mais je ne me précipite plus en enfilant dix tailles en dessous, ils sont tous à moi, tous…

Je pourrais passer ma nuit, & peut-être même plus, à énumérer d’autres parcelles de ces trop courts quotidiens à tes côtés. Seulement j’aimerais bousiller ces automatismes, tu vois, afin de ne plus me souvenir comment est-ce que j’ai pu m’en priver. Mais il semblerait que je ne sois pas la seule à les trouver si bons, si précieux, & que là-haut aussi, c’est curieusement envieux de voir ce qu’il serait venu, après, à nous deux.




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