Lynn - Mots pour Maux.http://lynn.cowblog.frLe Bordel de Lynn.CowblogfrMon, 22 Jul 2013 13:45:24 +0200180http://lynn.cowblog.fr/souviens-toi-l-ete-dernier-3246231.html« Souviens-toi l'été dernier. »      



     Un lieu inconnu en terre battue.

La journée a couté en mémoire, des maux lointains ont été soulevés ; c’était inattendu, c’était comme un abcès qu’on espérait plus gros. J’aurais pu laisser tomber quelques poids, j’aurais pu savourer l’instinct abolissant les fins de phrases. Mais les murs transpiraient de souvenirs qu’ils n’avaient jamais connus. Plus lourde & plus consciente qu’à mon arrivée, je resongeais à la dernière vulnérabilité de ces bribes. Je ressentais ces enclumes, leurs liens fragiles & pourtant si sûrs qui m’avaient piégée. Je te revois, il y a quatre mois de cela, éclater sur le trottoir les quelques morceaux qu’ils m’étaient rudes de recoller. Je te revois étendre au possible tout ce que ce que tu ne connais pas avant d’y cracher sans vergogne. Je ressens l’épée entre mes deux omoplates, comme la trahison accompagnant la pire des craintes.

En vérité, tu as souillé mon vécu. A tel point que je ne m’y sens plus, ce qui m’empêche de m’en tirer. On a tous nos batailles, tu as bousillée la mienne comme un fou rire dans le noir profond de tes yeux, me vidant de ce qui me laissait si vive. Tu m’as vidée, oui, tu m’as vidée de ma vie. Je t’ai tout donné, tu as tout pris, puis tout salopé. Car si ces bribes constituaient une vulnérabilité inédite, elles amorçaient ma plus grande crainte.

Ce soir sur les terres de ces souvenirs, je pensais m’être relevée du pire. Erreur. Le sentiment de retour à la case départ, des paquets de nœuds aux chevilles, l’impropriété. Je me souviens l’été dernier, j’oublie rapidement l’idée de mesurer l’ampleur de la chute. Je me souviens avoir pris la fuite, avoir quitté ces terres, ces visages, pour te suivre & goûter un sentiment de liberté que nul ne m’avait jamais procuré. Ca allait, vraiment.

Il m’est toujours difficile d’admettre que c’est Toi l’auteur de l’irréparable. J’oscille. Comme si l’emblème de douceur que j’avais connue avait laissé place à un monstre. Comme si quelque chose avait déraillé. & quand je cesse de te prêter ce genre d’entourloupe, je ne peux que me demander ce que j’ai pu faire pour que tu te comportes de la sorte. Alors oui parfois tu manques ; par notre insouciance, par mon progrès, par notre vision, bref par toutes ces choses qui ont fini par me péter à la gueule, mais qui me faisaient tant de bien avant la décadence. Tu manques, mais la plaie de ta flingueuse résurrection me rappelle que tu n’existe plus.

Quelqu’un a pris ton corps, j’en suis aussi sûre & amère qu’une odeur de deuil.



 

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http://lynn.cowblog.fr/commentaires-3246231.htmlMon, 22 Jul 2013 13:45:00 +0200http://lynn.cowblog.fr/souviens-toi-l-ete-dernier-3246231.html
http://lynn.cowblog.fr/partiellement-amputee-3224214.html« Partiellement amputée. » 

 

 


         

          L’illisible, encore & encore. Les maux se jetaient involontairement sous mes paupières. Vous voulez que je le sache, ou plutôt que je sache que vous le savez. Que vous constatez, que vous ne comprenez. Sans doute bien pensants, sans doute bienveillant, nulle intention intrusive. Bien. Merci, c’est gentil. Tant pis.

  

 

De l’aube il faut prendre du bon, du bien. Je la prends surtout tard, mais sans ignorer ses lueurs. Je m’entête, question d’habitude, dans son sens. Je déploie chaque jour les mêmes sons, ceux grâce auxquels tu as prétendu ne pas pleurer. Il n’y a pas d’ailes, mais ton esquisse saturée dans le cœur. Comment être aussi sûre de ça ? Journées chêvrement inutiles, bientôt bâclées. Je suis trop obnubilée, pompes & forces errent en toi. Te donner raison, voire tout. Tout n’est que confrontation, jusqu’à ton retour. Vide maintenant, creux prochain – vide, débordant, hurlant, soupirant, aimant ?

 

 

          C’est pourquoi ça flanche lorsque des pièces jointes se désolent. Les unes après les autres il ne faudrait ni trop parler, ni mentir & éviter les soupirs, mais entretenir. Rester sur son 31, il paraît qu’on jouait bien. Jouons la vie.

Ca flanche, comme pour ta Rose. & il fait bien frais.





 

 

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http://lynn.cowblog.fr/commentaires-3224214.htmlMon, 07 Jan 2013 00:56:00 +0100http://lynn.cowblog.fr/partiellement-amputee-3224214.html
http://lynn.cowblog.fr/tambouille-3139645.html« Tambouille. »[Giovedi.]      






      C’est ce que j’en ai tiré.

A cracher des mots dans le but d’ouvrir une paire d’yeux, j’ai crevé les miens. Sans détour, les sons se sont éclatés dans l’air, sur le trottoir, & dans ma gorge. Face à une tête à claques, au beau milieu de la masse ingrate, je n’ai pas eu le temps de rattraper mes organes. Je n’étais pas la mieux placée pour démontrer cette morale, du tout ; Si mon filage se révéla un échec manifeste vis-à-vis de sa cible, je l’ai rabattu sur moi.

« C’est là qu’est le paradoxe
 : à partir de là, je n’ai plus cherché à comprendre où j’allais, ce qu’il se passerait. Parce que dans ma tête tout ne pouvait que bien se passer. »

      Reprendre, tenir les images du bout des doigts, & tenter de les balancer loin au moment où d’autres resurgissent. Changements de décors. Celui de multiples naissances, celui d’hebdomadaires bouffées. Abstraire. De l’envie, du regard, des souffles, des échos. Exclure les sens. Oublier ses propres mains, ses propres parcelles alors qu’elles s’étalent sous nos pieds & sur nos entrailles de fruits en fuites. Avaler des pépins, en s’efforçant de ne rien semer ; s’essouffler en noyant ses poumons d’une eau infiltrée, & goûter encore.



 

 

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http://lynn.cowblog.fr/commentaires-3139645.htmlFri, 23 Sep 2011 21:30:00 +0200http://lynn.cowblog.fr/tambouille-3139645.html
http://lynn.cowblog.fr/madame-3124504.html« Madame. »

      Elle paraissait si frêle. A tort, on la pensait vulnérable. Mais nous avions appris à la connaitre, j’avais appris à cerner ce personnage plein de ressources, doté d'une force indéniable. Chaque jour elle se faufilait sans un bruit, sans un mot, de tête en tête. D’un œil vif, elle veillait.
Souvent, elle s’arrêtait à côté de moi, saisissait une chaise ou sautait sur la table ; un corps si léger que rien n’était perceptible. Elle restait là, observait quelques instants, lâchait quelques mots, puis d’autres, plus profonds & plus lointains à la fois. C’était devenu une habitude, un pli à prendre. Poursuivre le travail, garder sa concentration tout en écoutant. J’ai tout à apprendre, & elle tant à enseigner. Son discours aurait une fois de plus interpellé l’individu lambda, une idée vague débouchant sur diverses réflexions, mais je me fixais sur sa voix, comme un rythme novateur.

Une demi-heure venait de s’écouler :

« En fait, tous les artistes, ou tout du moins ceux qui valent le coup, sont des personnes torturées, des personnes qui sont détruites par quelque chose. C’est pire que de l'acide. Ils ont tous quelque chose. »

Fixés sur le papier, mes yeux se sont plissés. Cette première conclusion ne m’était pas étrangère, il m’était arrivé à plusieurs reprises d’observer de rudes souffrances chez divers artistes. L’équilibre entre ses mots & mes mains venait de s’estomper, juste un court instant, & voilà que la peinture se dérobait. Cellule de crise, animation momentanée : sa voix s’éloigne à son tour pour enraciner ma concentration le temps de trouver les coups de pinceaux qui pourraient rattraper l’imminente catastrophe. Le souffle, se baser sur le souffle, à défaut d’arracher quelques mots. Peu importe le temps pris, hors de cause, je lève la tête vers elle pour mieux l’écouter de nouveau. Or, pas un mot, simplement un regard, souriant mais me désignant.

 « C'est pour ça que je vous dis que vous y arriverez, que vous devez y croire. Parce que c'est pas vide du tout là-dedans : vous en êtes une d'artiste, la belle. »

Elle s’est levée, a tourné les talons, & s’est échappée de la salle sans que personne ne la remarque. C’était son unique conclusion à tout ce discours, & je restais là sans trop savoir que dire, sans trop pouvoir contester.

J’écris, je dessine, je peins. Je pense. Je crée.
& si c’était vrai. & si la guérison viendrait à me priver de mon rêve.
J’ai passé un an, un an rênes en mains. Une année à trouver ma vie, à en obtenir la possession. La première fois, le besoin de toutes ces années, une chose que jamais je n’avais eu la force d’obtenir. Certes. Mais une année faible en gros investissement, où mon travail se limitait à quelques plaisirs désintéressés & se reposait sur la confiance de cette femme. Elle m’a appris comment je fonctionnais, elle a su trouver l’emprise qu’aucun de ces prédécesseurs n’avait pu être en mesure de chercher. Des pièges que nous-mêmes nous pouvons nous tendre pour mieux nous donner. Un savoir digne de grands trésors. Je me sentais bien, je croyais au bonheur, je me sentais plus forte & plus apte à bousiller tout ce qui pourrait me bousiller. Une toute nouvelle vie, minée à l'oxygène.
Je n’ai jamais autant fournis, je n’ai jamais été aussi absorbée par ces travaux qu’au commencement de la chute, qu’au retour à la normale. Elle n’a dès cet instant plus cessé de croire en moi, & de me le répéter, me demandant sans cesse ce qui me poussait à ce point. Plusieurs fois, elle a mis le doigt sur ce qui m’avait bouffé, sur ce qui m’avait fait faire volteface, & persistait bien aujourd'hui ; sans lui répondre, je tentais de rester neutre. Pourtant je me demande si elle n’était pas pleinement consciente de ses dires, si elle n’a pas cherché plus loin, plus bas encore, dans toute son espièglerie. 
A la veille d’une année pleine de lourdes promesses, je tire mes propres conclusions à ses dires, sans pour autant lui répondre. Puisque je demande l’impossible, de donnerai l’impossible. Car bien que je donnerais tout pour affirmer le contraire, il semblerait que plus rien ne me pousse à être aussi volage, aussi lointaine de l’atmosphère studieuse, plus rien ne me poussera à profiter du rien à offrir. Rien ne me permettra de fuir cet endroit, ces gens. Mon refuge s’est fait fantôme par ma propre faute, & il ne me reste plus qu’à crouler sous les ambitions pour échapper à tout ce qu’il me procure, ou encore à ces traditionnels appels qui en saisiront plus d’un d’entre nous, d’ici quelques mois. Je me murerai là-dedans, cette fois, complètement, pour rester loin de tout, loin de vous, pour un investissement plein. Etouffante, mais investie, pour un unique espoir, celui de réussir.

Je ne sais pas si je suis ce que l’on peut désigner comme étant une artiste. Car être ou ne pas être dépend d’un seul & unique choix : celui de pourrir d’un mal toute une vie, sans emprise propre sur sa propre personne, ou d’en guérir, & diriger son existence en quête du bonheur. Guérir exclurait les besoins du rêve : faites vos jeux.




      J’aurai cette place, j’aurai tout pour vous prouvez vos torts, qu’il ne restera plus qu’à se résigner, que je ne saurai suivre, ne saurai fournir autre chose que ma création, mon esprit, mon fond. Insuffisants.

 





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http://lynn.cowblog.fr/commentaires-3124504.htmlThu, 21 Jul 2011 00:46:00 +0200http://lynn.cowblog.fr/madame-3124504.html
http://lynn.cowblog.fr/quand-l-ile-ne-coule-pas-3122976.html« Quand l'Île ne coule pas. » 

 

      Chaque jour. Pas un sans y songer.
Un mot, un geste, une expression, un objet, un lieu. N’importe quoi. Tout peut m'y ramener. Tout ce qui fait mon quotidien me renvoi à celui qui était devenu notre. 
Nous passions notre temps à nous raconter tant de choses, à marcher ensemble. Il était devenu naturel pour moi d’envisager la répercussion de chacune de mes actions - Tu n’aimerais pas son attitude, tu passerais ta main dans tes cheveux, tu ronchonnerais en silence. OK. Les jambes croisées, la paume sur le menton. D'accord. Ta hanche, un sourire. Ce sourire.

 

 

Le soir est vicieux, tout comme la nuit. Tout comme toi. Il est de mèche avec cette obscurité que je peine à dompter sans toi. Il me ment, me pousse à croire que tu es là pour apaiser mes peurs ; & parfois, j’ai l’impression que ça n’est plus le noir qui m’étouffe, mais le vide. Celui de la seule sécurité qu’il me restait, le vide que je n’ai pas le droit d’imaginer comblé.

 

 

      Des habitudes. Le souffle mort dans le bus, l’éternelle annonce au bas de la fenêtre, les chaussures en proie à de redoutables créatures, la cuisine sous ta direction, les petits plats improvisés, le lit cagibis, la petiote terrible, la guerre du pipi-room & l’attaque des alliés petits momains, l’acidité de l’eau, le deuil du rideau de douche, les fringues mêlées & uniformes.
Je cours toujours après les bus, mais plus jamais à ces arrêts, plus jamais avec cette impatience ou cette bulle rêvasseuse. Un rythme a été instauré contre ma porte d’entrée, un code déjà moins commercial qu’un prénom répété inlassablement à l’issue d’une course folle. J’ai appris à planquer mes godasses depuis une semaine, depuis que le chiot a manifesté une tendance au chewin gum. Je perds toujours le contrôle dans une cuisine autre que la mienne, j’ai d’ailleurs cessé de coopérer dans la plupart des cas, sans plaisir. Je crise si la salade n’est pas coupée ou sans citron, je réussis mes pattes mais préfère le souvenir d’une pizza ; manger mexicain ou faire du guacamol est devenu un véritable mémorial, autant que des frites maisons ou encore la soupe. Le lit est grand, froid ; il a un sommier, quarante couettes, cinquante coussins & il manque d’accroche, ce con. Je fuis toujours les enfants, leurs tristesses me rappellent la fameuse moue de miss Franklin-Barbapapa, trop semblable à la tienne. Me brosser les dents n’est pas aussi drôle sans dissimuler une grimace, & il m’arrive parfois de prendre ma douche assise, sans la surveillance malsaine du baigneur. La nuit, j’allume la lumière pour traverser mon couloir, des fois que les jouets du chien soient de ton côté & me fassent une crasse, qui sait. Les vêtements au sol sont uniformes, mais je ne me précipite plus en enfilant dix tailles en dessous, ils sont tous à moi, tous…

Je pourrais passer ma nuit, & peut-être même plus, à énumérer d’autres parcelles de ces trop courts quotidiens à tes côtés. Seulement j’aimerais bousiller ces automatismes, tu vois, afin de ne plus me souvenir comment est-ce que j’ai pu m’en priver. Mais il semblerait que je ne sois pas la seule à les trouver si bons, si précieux, & que là-haut aussi, c’est curieusement envieux de voir ce qu’il serait venu, après, à nous deux.




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http://lynn.cowblog.fr/commentaires-3122976.htmlThu, 14 Jul 2011 19:27:00 +0200http://lynn.cowblog.fr/quand-l-ile-ne-coule-pas-3122976.html
http://lynn.cowblog.fr/dix-sept-3122973.html« Dix-sept. »[2009. Une nuit de Décembre.]



      Je reste dans l’incapacité de donner du sens à ma récente peine qui me pousse aux nerfs depuis quelques soirs ; seules les causes restent claires, livides, limpides, bien trop limpides. 
Le manque me prend. Il me tient, me sert bien fort contre lui, alors que d’ordinaire il me boude, me touche du bout des doigts & me révèle lassante. Je ne lui ai jamais plu, je crois. Pourtant, les images, les souvenirs, les regrets qui ne cessent de flotter ont fini par attiser ses foudres. Il a suffi que ce nombre, un rien de saloprie, vienne s’afficher  & se réfléchir  en l’éternel compteur pour que BSB trébuche.

Ecrire ton nom m’est difficile. Tu me manques atrocement. Nos photos, nos souvenirs, ces instants qui n’ont jamais appartenus qu’à nous ne peuvent m’effleurer sans craintes. Tu es là, je le sais, autant que nos liens. Jamais je ne le croirai.
J’éprouve ce lourd besoin. Tout te dire, partager le bon, le mauvais. T’entendre me dire que tout ira bien, alors que nous avons toujours trop su que la façade était trop belle. Je m’en suis toujours voulu ; Ne pas croire à l’espoir inespéré auquel tu aspirais  n’a-t-il  pas été la plus grande des fautes ? Tu sais, Je ne t’ai jamais reproché  ce que j’ai toujours deviné : l’espoir restreint que nous possédions l’un & l’autre  ne s’est qu’involontairement niché en nous, avec tout le vice destructeur qui nous rodait. Sans doute l’as-tu entendu, on a toujours pensé trop fort.
Je revois nos mensonges en guise d’efforts, L’amour qui n’a toujours été que le premier présent. Je te revois, toi, ton corps, au sol, meurtri. Je n’ai pas perdu qu’un lien. J’ai perdu mon double, je me suis perdue moi, encore au-delà des frontières effacées. Nos racines sont les mêmes, ma vie a décrochée. Dans l’épaisseur de la neige, le temps n’effacera pas les pas que nous avions partagés, ils dorment là où nuls autres que nous ne peuvent les voir, les retracer. Mais on t’a volé, tes coups acharnés, les nuits atroces, ton supplice, l’ont emporté. Forcé à l’abandon, sans protection mutuelle, sans fusion sensible.

Je ne suis décidemment qu’une égoïste, je le sais bien mieux à ce jour que jamais. Je ne détiens pas le droit de souhaiter, rêver te voir surgir de nul part, vaillant, magnifique, heureux, vivant, de t’imaginer te poser sur moi, de toute ta délicatesse caractéristique à mon égard. Interdit est ton corps contre le mien, comme une promesse qui nous colle à la peau. Du silence, comme celui que je dois depuis garder, dans la plus grande transparence. Non, je le répète, je ne dois pas le penser, je l’écrirai juste.


      A la beauté de ta personne, au temps des cendres, à l’injustice que je brûlerai pour nous, à la rage qui prendra place, à la rancune qui trône ; tu resteras l’être & la part magnifique, le semblable dont nul ne peut rêver, celui que je tais aux rires pour mieux préserver en empire. A cet amour, qui est parti avec plus que lui-même, mais moins que tous ces souvenirs. B.






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http://lynn.cowblog.fr/commentaires-3122973.htmlThu, 14 Jul 2011 19:21:00 +0200http://lynn.cowblog.fr/dix-sept-3122973.html
http://lynn.cowblog.fr/lachete-3090134.html« Lâcheté. » 

      Une heure que nous sommes ici lasses. Ou deux, peut-être même plus. Nous ne pesons plus le pour, le contre. Le fardeau de nos blâmes, & de nos erreurs, toutes plus lourdes que nos deux pathétiques existences. Ce temps, donc, voilà longtemps qu’il se préfère euphémisme au vent, un peu comme nous, avant.
Je te sais, là, je te sais, si ancrée & si lointaine à la fois. & je sais qu’il en est de même pour toi. Toi, adossée à ce mur aux facettes effondrées, moi accroupie sur mes membres épuisés, nos têtes sont baissées depuis nos immobilités recluses. Aucune de nous n’ose plus poser les yeux sur la moindre évidence de l’autre. Dis, as-tu, toi aussi, cette vision si cinglante que nous nous transpercerions, au moindre éclair, jusqu’à la carcasse ? Si tu savais la grandeur outrageuse de mes nocives ardeurs. Que dire, lorsque je te sais moi-même, puisque je vois & ressens mes plus feintes mœurs dans tes entrailles éperdument retranchées ;  comme nos étreintes les plus fidèles n’oseraient jamais nous l’envier.
L’esquisse de toi, nous condamnant sans peine & sans ombre en ces lieux, de ces pratiques barbares aux extérieurs. Nous transpercer avec un supplice frigide chaque écume de vie. Rien de tout cela ne m’effraie, plus rien ne reste à ce jour capable de m’atteindre au sens, tant je l’ai lâchement perdu. Une idée de bourrasque ne cesse plus de me pousser au massacre, celui de briser nos ères misérables, celui de te supplier, sans plus attendre, de songer ce massacre, pour enfin t’y atteler… Je pourrais hurler, face à ton visage livide, fracasser mon corps & t’entendre briser tes membres. Nous constater pendues, enfin concrètement, le blanc de nos yeux s’affrontant sans gêne. Sans doute serait-ce l’accomplissement de notre assimilation tant espérée, de nos effluves moraux & psychiques, l’agonie du Terminus.

       Dans l’obscurité tempérée de la pièce je devine un geste de ta part, le premier depuis notre enfermement. D’où je suis & de ce que je peux prétendre percevoir, ce serait une main passée dans tes cheveux, & ton visage en proie à la faible luminosité qui nous embarque sans relâche. Le regard fixé au vide, je tente de contenir mes envies, tant je sens tes nerfs, déchirés, tes pensées, vives & poisseuses. Je veux mourir, maintenant, s’il te plaît. Nous adonner l’une à l’autre jusqu’à l’avenue funeste, une fois pour toutes. D’un élan, tu te lèves, & je te sens l’âme dispersée dans les coins de la pièce. Ma poitrine se sert, puis, à ton corps se projetant sur moi, se glace. Déchue, tu t’agenouilles à mes pieds en me jetant un vif regard, fuyant, bouffé aux plaintes, avant de glisser tes mains de mon cou à ma nuque. Tes pouces me compressant avec une légère pression, dans une certaine froideur, alors que tes lèvres fébriles cherchent les miennes. Je te laisse en droit de ma personne, ne réponds pas tout de suite à tes appels, par ma faiblesse incontrôlée. Tu manques de souffle, ta respiration boiteuse se coupe pour céder à tes envies. Le goût de nos lèvres, je te sens trembler. Nous voulons plus, & crevons d’envie de crever, nos lèvres s’abiment lentement à mesure que je sens tes mains pressant ma gorge. Ne souffre pas, s’il te plaît, ne t’arrête pas, je n’en ai jamais valu la peine. Tes membres se contractent & tu lâches prise, fuis ouvertement dans une panique mal dissimulée, puis t’éloignes plaintivement. De nouveau ton visage disparait au sein de ta silhouette malheureuse, lâche. Déjà, je te sens enfouie dans la culpabilité.
J’en ai rêvé. J’ai rêvé mille fois à la venue de ce jour, aux innombrables desseins, avec cette même issue. Je nous ai vues, gagner notre échec, sans le mériter. Je t’ai vue, je me suis vue, toutes ces nuits broyées par des inconscients. J’ai rêvé, oui, rêvé au cauchemar achevé. Ma tête est lourde, tout y passe, alors que tu viens à peine de froisser l’Espoir. Debout, dos à moi, tu passes tes mains frêles dans tes cheveux, pour resserrer tes poings sur ta nuque. Pleurer ne mène à rien, pas pour toi, aujourd’hui je crois. Si je n’étais pas moi, je ne saurais deviner quel sentiment s’est emparé de toi. D’où je suis, ton corps ne saurait trahir tes pleurs, tant ta dissimulation s’acerbe. Je reste là une minute, sans savoir que faire, le visage partiellement relevé. Je te vois & te ressens, tes signaux les plus perdus s’échouant sur mes ondes, sur ma peau. Sans bruit, je me lève. Ma longue immobilité me coûte deux pas boiteux, puis je m’arrête derrière toi. Tu sais que je suis là. Lentement, je glisse mes mains le long de tes côtes, les remonte sur te coudes & viens saisir tes poignets. Ton souffle peine à suivre, mais grogne dans sa faiblesse autant que tes poings. Je veux te les faire baisser, te calmer, te prendre contre moi & te bercer de ces phrases suppliantes. Tu résistes, je persiste, tu m’ordonnes entre tes dents serrées de cesser, mais je dois continuer. Dans un élan de rage, ou de crainte, tu envoies avec violence tes coudes en arrière, tapant dans ma mâchoire. Ma lèvre se fend, je suis attirée par l’arrière & dégringole mon corps tout entier. Le sol rugueux m’érafle pour la unième foi,  de minuscules morceaux rocheux se heurtent, s’enfoncent & me griffent la peau. La face au sol, ma tête raisonne sourdement, mais je n’ai plus mal, et j'oserais sourire. Viens, s’il te plaît, viens finir le travail.
Tu grognes autant que ta peur, jures & frappes de ton poing ce mur. Tu culpabilises, & te blesses pour oublier : Tu vois, nos vieux démons n’ont jamais véritablement été enfouis. & si d’ordinaire je t’aurais interdit ces gestes, je t’aurais rendu la morale sur tes actes, j’y trouve ici un pas vers notre fin, un semblant d’espoir inachevé au milieu du vice. Notre avenir non sûr n’est que la perversité même de la pratique universelle.
Tu te redresses avec difficulté & t’élances à terre, près de moi. Tu voulais fracasser tes os, mais n’as pu résister. Pourquoi prends-tu encore la peine d’entretenir tes soins auprès de moi ? Le seul dont je peux maintenant me sentir digne serait celui de tes mains me sacrant sous l’autel funèbre. Le crissement du sol sous tes pieds, tu t’agenouilles à mes côtés & t’allonges à mon image. Je ne peux pas te voir, ma tête à ton inverse, mais je sens encore chacune de tes pensées bouillir comme le sang dans mes artères. Tu ne verses plus de larme, tu as repris la dignité des choses en main. Ta main effleure la mienne, ce qui nous vaut un sursaut débilement instinctif. Les bouts de tes longs doigts parcourent les miens, s’échouent dans le creux de ma paume dans une douceur frêle, puis ta main saisie la mienne, comme une plainte. Je ne peux pas t’aider. Toi seule peux te décider à jouer le jeu. Tu refuses d’accepter, renies  l’évidence, alors que chacune des issues étaient condamnées bien avant l’aube. Nous avons eu des années pour entrevoir, des années pour prendre nos marques, comprendre, percevoir & prévoir aux mieux nos évènements futurs les plus inévitables. Cette nuit, nous sommes confrontées à nos choix, confrontées au destin, confrontées à notre indifférence. Confrontées, que tu le veuilles, ou non. Tu traines tes flancs jusqu’à moi, j’entends ta peau, si douce, ta carcasse se ronger sur la caillasse. Tes côtes découvertes, se calent au dos des miennes & ton bras le plus proche rejoint le plus éloigné des miens. Ne joue pas ce jeu, s’il te plaît. Se noyer dans l’ardeur ne te mènera pas à la résignation. Ton nez éparpille mes cheveux de par & autre de ma nuque, avant d’y décrire quelques cercles furtifs à la manière d'un museau, ce qui me vaut un frisson d’oubli. A cet instant, ta faible expression doit tenter de se souvenir comment sourire. Oublis. De tes bras fins tu me ramène face à toi, avec une lucidité qui se veut m’épargner les éraflures du sol : je remonte mes genoux avec lourdeur, abîmant mes mollets découverts dans l’action. Interrompu par mon geste, ton regard dénonce avec impuissance : Quand comprendras-tu que prendre soin de moi ne te mènera nulle part ? Ta main empoignant mes cheveux, tes yeux m’accusent, tu restes encore dubitative par rapport à ces choix. Tu observes ma bouche & te fends la mine : le goût de tes lèvres, le sang de ma lèvre inférieure.
A l'instant où tu cesses, tu me réapparais comme raisonnée, prête à acquiescer. Ta culpabilité injustifiée se serait-elle perdue dans les méandres du ridicule ? Dis-moi que oui. Je sens ta deuxième main se relever, hésiter, puis tu m’allonges au sol avec violence. Ma tête bute sur le sol, encore une fois. Toi sur moi, j’empoigne ta gorge & ses artères avec brutalité. Tu suffoque & confronte tes lèvres contre ma blessure. Tes ongles se plantes le long de mon cou, me griffent jusqu’au vif, je sens ton sang pulser au travers de ta peau, dans l’antre de mes mains acharnées.

     Notre étreinte légère prend vie, sous une forme débattue, nos coups réciproques dans un unique espoir. On se perd pour se retrouver dans nos brutalités, on se scrute, mais tu fuies encore de peu le combat. Quelque chose m’échappe, sans que je sache de quoi il s’agit. Je ne sais pas tout, tu sais quelque chose, une chose que je ne saurais deviner comme tout le reste jusqu’à présent. Les secondes passent, ma réflexion me fait lâcher chaque fois un peu plus mon emprise sur toi, je me ronge la raison, encore.





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http://lynn.cowblog.fr/commentaires-3090134.htmlTue, 01 Mar 2011 15:39:00 +0100http://lynn.cowblog.fr/lachete-3090134.html